No 89 février 2008
jeudi 28 février 2008
par ContrAtom

Chères, Chers ContrAtomistes,

C’est une belle victoire que nous avons remportée le 16 décembre dernier avec l’acceptation en votation populaire de nos deux initiatives « Eau-Energie notre affaire ! Respect de la volonté populaire ». Ainsi le double oui massif sorti des urnes est venu couronné nos efforts de longue haleine, instituant dès lors un monopole de service public de rang constitutionnel confié aux Services Industriels de Genève pour la distribution de l’eau et de l’électricité dans le canton de Genève ! Ouf quel soulagement ! Ce magnifique résultat est vraiment réjouissant d’autant qu’il s’inscrit absolument à contre-courant du néolibéralisme dominant. Cependant, il faut se garder de considérer ce succès comme un aboutissement, mais bien plutôt l’envisager comme un point d’appui démocratique solide pour les futures batailles que ne va pas manquer d’engendrer la nouvelle loi fédérale sur la libéralisation de l’électricité (la LApEl). C’est donc bel et bien un nouveau chapitre de notre résistance à la libéralisation-privatisation et à la marchandisation de l’électricité qu’ouvre ici le vote genevois, confirmant ainsi l’avis déjà exprimé en 2002 qui rejetait massivement la LME (loi sur le marché de l’électricité).

A peine le temps de savourer cette victoire que de nouvelles inquiétudes viennent tarauder les ContrAtomistes genevois-es : le 24 février prochain on retourne aux urnes et parmi les nombreux sujets proposés au verdict populaire il en est un qui mérite de retenir particulièrement notre attention : il s’agit d’accepter ou non la révision totale de la Constitution genevoise.

Le projet de loi initiant ce processus a été adopté en mai dernier par le Parlement. Il s’agirait de « dépoussiérer » et de donner un coup de jeune au texte de cette Constitution datant de 1847. Bref, un lifting anodin et sans conséquence, pas de quoi retourner les foules ! En réalité, il y a de quoi s’inquiéter, car il s’agit bel et bien d’une refonte complète pour en quelque sorte « repartir à zéro ! ». Or cette Constitution a été révisée en permanence par voie d’initiatives populaires et pas plus tard que le 16 décembre dernier avec l’inscription du monopole de service public Eau-Energie, dont il est question plus haut. Elle contient des avancées significatives tant concernant la protection des locataires, la protection de l’environnement ou encore notre article fétiche antinucléaire 160E. Il faut être bien conscient que toutes ces dispositions, taxées par les protagonistes de cette révision, « de règles secondaires qui encombrent la Constitution », risquent bien d’être reléguées au rang de lois ordinaires, alors que seule leur inscription dans la Constitution garantit qu’elles ne soient ni altérées ni éliminées par l’unique volonté du Parlement ! Et que dire de l’intention à peine masquée de liquider purement et simplement le référendum cantonal, qu’on trouve sur un site internet du parti radical qui suggère de réduire de 40 à 30 jours le délai imparti pour le faire aboutir et simultanément d’augmenter le nombre de signatures requises de 7000 à 16300 !

On est frais ! Décidément plus nous potassons le sujet, plus nous sommes persuadés à ContrAtom qu’il faut voter NON à la révision totale de la Constitution. A bon entendeur, salut !

Anne-Cécile REIMANN