Risques : vieux réacteurs nucléaires en Suisse
vendredi 14 février 2014
par ContrAtom

Greenpeace et SES 13.2.2014 : Risques liés aux vieux réacteurs nucléaires en Suisse

L’ancien chef de l’autorité de surveillance nucléaire allemande demande l’arrêt définitif de Mühleberg et Beznau

Dieter Majer, ancien responsable de la division « Sécurité des installations nucléaires » au Ministère fédéral allemand de l’environnement, demande l’arrêt des deux plus vieilles centrales nucléaires suisses, Mühleberg et Beznau, dans les plus brefs délais. Dans son étude présentée aux médias ce matin, il compare l’état des centrales suisses aux exigences actuelles en matière de sécurité, c’est-à-dire à l’état actuel de la science et de la technique. Sa conclusion est accablante : les deux plus anciennes centrales suisses sont loin de répondre aux exigences actuelles en termes de sécurité, et constituent un risque difficilement acceptable pour la population. L’étude de Dieter Majer a été rédigée sur mandat de Greenpeace et de la Fondation suisse de l’énergie (SES).

Les centrales nucléaires suisses, en particulier Mühleberg et Beznau, comptent parmi les plus vieilles installations nucléaires de la planète. Leurs concepts de construction remontent en partie aux années 1960 et présentent donc des déficits conceptuels par rapport aux installations modernes. S’y ajoutent les effets du vieillissement, relativement mal connus, notamment la fragilisation de l’acier de la cuve du réacteur par le rayonnement neutronique.

« On se fie à des échantillons et des modélisations, en pensant que les matériaux auront partout le même comportement – y compris dans des zones peu ou pas accessibles. Un procédé qui n’est ni fiable ni crédible, et qui ne correspond pas à l’idée que je me fais de la sécurité », déclare Dieter Majer, ancien responsable de l’autorité de surveillance nucléaire allemande et président de la commission germano-suisse pour la sécurité des installations nucléaires (DSK).

Impact limité des mesures de rééquipement Les exploitants affirment régulièrement que les centrales nucléaires les plus anciennes auraient été entièrement rénovées et disposeraient de la technique la plus moderne. Leur niveau de sécurité serait similaire à celui des nouvelles centrales. « Cette déclaration est fausse », affirme Dieter Majer. Les déficits en termes de sécurité et les faiblesses conceptuelles de l’ancien mode de construction demeurent pour la plupart. En fin de compte, les mesures de rééquipement restent toujours du bricolage, constate l’étude.

Critiques visant l’autorité de surveillance Au lieu d’admettre l’existence d’un problème de sécurité, les autorités tentent de gérer la question par des mesures de communication. L’exemple de la formule « état de la technique de rééquipement » est parlant. Cette tournure n’est connue qu’en Suisse, et elle est utilisée à t ort et à travers. Elle ne correspond à rien de précis, en l’absence de directives ou critères définis à l’échelle internationale. Selon l’étude, les rééquipements demandés par l’IFSN dans des cas particuliers ne résultent pas d’une comparaison systématique de l’état des centrales avec les exigences actuelles en termes de sécurité. Le critère qui prime est plutôt celui de la faisabilité, ou non, des mesures de rééquipements dans des centrales vieillies.

« Les centrales de Mühleberg et Beznau devraient être mises hors service dans les plus brefs délais, au vu de leur déficits en matière de sécurité », déclare Dieter Majer. Et Jürg Buri, directeur de la Fondation suisse de l’énergie, de conclure que « les risques liés aux vieux réacteurs sont constamment minimisés. » « Il nous faut des bases légales sur la sécurité plus claires et plus contraignantes. Le Parlement est appelé à s’engager ! »

« Seule une date butoir pour l’arrêt des réacteurs en activité permet de diminuer les risques d’accidents », ajoute Florian Kasser, chargé des questions nucléaires pour Greenpeace Suisse. « Une interdiction de construire des nouvelles centrales ne suffit pas. La sortie du nucléaire comme elle est voulue par Doris Leuthard augmente les risques pour la population au lieu de les diminuer – ce qui devrait être à l’ordre du jour après Fukushima. »

Résumé en français du rapport

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Rapport en allemand