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Articles par thèmes :
Uranium appauvri
Articles par pays :
Irak
Journal par No :
No 72, décembre 2003
Auteurs :
Philippe Gobet
No 72, décembre 2003
Publié le dimanche 30 septembre 2007

A Noël en Irak, au cimetière à Pâques (1)

Comme cela fut le cas au Kosovo, les « armées de libération » laisseront derrière elles des tonnes de déchets radioactifs extrêmement toxiques, sans plus se préoccuper de ces bombes à retardement sanitaires.

L’uranium appauvri (UA) (2) est utilisé pour renforcer les obus conventionnels afin de les rendre plus pénétrants. Quand l’obus explose, l’uranium appauvri se disperse sous forme de poussières et intoxique, par irradiation et par empoisonnement (il s’agit aussi d’un métal lourd), les populations locales.(3) Il attaque parfois également - ce n’est que justice me dira-t-on peut-être - les soldats des puissances occupantes. La famille Bush, par contre, est hors d’atteinte étant donné les milliers de kilomètres la séparant des pays qu’elle « libère » courageusement. D’ailleurs, le fait que des soldats américains eux-mêmes dénoncent l’empoisonnement à l’UA dont ils sont victimes ne semblent pas plus affecter les dirigeants américains. (4)

Ils savaient

Depuis 1943 (5), l’armée américaine savait que l’utilisation de l’UA intoxiquerait les populations. Mais cela ne l’a pas dissuadé de l’utiliser. Ainsi, lors de la première guerre du Golfe, des tonnes d’uranium appauvri ont été dispersées en Irak, provoquant moult leucémies et malformations de nouveaux-nés. Puis ce fut au tour du Kosovo d’être libéré des Serbes et par la même occasion intoxiqué à l’UA . Deux ans plus tard, les auteurs d’une étude de l’ONU sur place s’étonnent de retrouver encore des particules d’uranium appauvri en suspension dans l’air, malgré une grande dispersion.

Et c’est reparti avec la « lutte contre le terrorisme »

La deuxième guerre du Golfe n’a pas fait exception : des nouvelles tonnes d’uranium appauvri ont été utilisées, et remarquez, ça tombe bien, c’est un déchet, un sous-produit des centrales nucléaires, et on ne sait pas quoi en faire, alors autant le filer aux Irakiens, avec tout le pétrole qu’on leur pique, ils doivent bien avoir de la place pour le ranger. Bon, en fait le problème est encore plus grave et plus sérieux puisque cet UA est dispersé autour de l’impact, puis abondamment diffusé par les vents sur des territoires plus vastes, et qui sait, avec un peu de chance, la prochaine pluie de sable que nous recevons sur nos voitures étincelantes sera peut-être mêlée d’UA ?

Des bidons radioactifs pour l’eau potable

Mais comme si cela ne suffisait pas, lors de la deuxième guerre du Golfe, certains Irakiens particulièrement pauvres à la recherche de récipients pour l’eau potable ont pillé le complexe nucléaire d’Al-Tuwaitha dérobant des tonneaux fortement radioactifs. Ils n’avaient évidemment aucune information et aucune idée du danger que représentaient ces tonneaux. Greenpeace a pu mesurer des taux de radioactivité de 3000 à 10000 fois supérieurs à la norme, notamment près d’une école. Devant les réticences de la population à rendre les bidons, Greenpeace a eu l’excellente idée de proposer des bidons neufs en échange des contaminés. Mais il n’est pas facile d’obtenir la restitution de tous les tonneaux.

Que faire ?

Se demander : « Mais d’abord, pourquoi ils habitent là-bas ?! » Se dire : « Ah ben oui, c’est dur quand on n’est pas habitués… » Attendre que nous autres Suisses recevions quelques obus à l’UA pour nous y intéresser ? Ou s’informer, écrire des lettres de lecteur, interpeller les politiciens, lutter… Des documents existent en nombre, des livres brillants ont été écrits, des émissions ont été diffusées, des experts ont parlé. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas…

Philippe Gobet

(1) paraphrase du célèbre trait d’esprit de Pierre Desproges, alors qu’il apprenait qu’il était atteint d’une tumeur : « Noël au scanner, Pâques au cimetière. » (Desproges mourut d’ailleurs quelques jours après Pâques.)

(2) Les lecteurs les plus assidus de notre modeste revue n’ignorent pas que nous avons déjà consacré plusieurs articles à l’uranium appauvri , articles d’ailleurs disponibles sur notre site. On vous les rappelle volontiers, il s’agissait des N° 64,59, 54, 50.

(3) Selon l’ACDN (voir dans les sources ci-dessous), les effets défavorables vérifiés pour l’exposition à l’UA incluent : (a) Les maladies réactives des voies respiratoires, (b) les anomalies neurologiques, (c) les calculs rénaux et les maladies chroniques du rein, (d) des éruptions cutanées, (e) des dégradations de la vue, des pertes de vision nocturne, et les cataractes, (f) des lymphomes, (g) diverses formes de cancer de la peau et d’autres organes, (h) les désordres neuro-psychologiques, (i) l’uranium dans le sperme, (j) le dysfonctionnement sexuel, et (k) les anomalies de naissance.

(4)Vous pouvez écouter à ce sujet un témoignage poignant sur Internet ou le lire en anglais sur A Noël en Irak, au cimetière à Pâques (1)Niant l’évidence, le département de la défense des Etats-Unis et le ministère de la défense britannique continuent à affirmer qu’il n’existe aucune corrélation entre l’exposition à l’uranium appauvri et les effets néfastes sur la santé et sur l’environnement.

 
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