No 73, avril 2004
vendredi 28 septembre 2007
par ContrAtom

EPR : tout n’est peut-être pas perdu !

Avant que la loi n’avalise la relance d’un nouveau programme atomique, les antinucléaires français repartent en campagne pour informer la population du danger nucléaire et des alternatives possibles.

Manque de sérieux et anomalies

Nos collègues français (Sortir du nucléaire, Agir pour l’environnement et Greenpeace-France) ont dénoncé en février les déclarations favorables à l’EPR de leur ministre déléguée à l’industrie Nicole Fontaine et ont lancé une nouvelle campagne contre ce réacteur nucléaire de troisième génération. « Mme Fontaine affirme que le choix de l’EPR s’impose à la lecture de nombreux rapports, mais cite en fait toujours le même rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques » ont-ils expliqué. Ils ont également souligné le fait que la Finlande, le seul pays européen (avec la France) voulant encore construire des centrales nucléaires, a reçu une offre de Areva-Siemens pour un réacteur « clés en mains » en 2009, soit dans cinq ans, alors qu’à Paris on parle d’une période d’expérimentation de l’EPR de dix ans !

En Finlande également, certains commencent à s’inquiéter du fait qu’Areva-Siemens veuille fourguer un réacteur qui n’est absolument pas au point… D’ailleurs l’Autorité de sûreté nucléaire finlandaise elle-même s’interroge sur une anomalie située au niveau du circuit de circulation de l’eau de refroidissement, qui toucherait tous les réacteurs en fonctionnement en France aujourd’hui et pourrait engendrer une véritable catastrophe en cas d’accident. Or l’EPR a les mêmes défauts que les réacteurs actuels et en plus il a le désavantage de ne pas avoir été expérimenté. Quant à Nicole Fontaine, elle a souligné « la nécessité de conserver l’option nucléaire ouverte » à l’horizon 2015 et de « prévoir la construction prochaine » de l’EPR, mais le projet de loi à ce sujet n’est pas encore accepté.

Un printemps antinucléaire

Les associations antinucléaires ont annoncé une nouvelle campagne anti-EPR, soutenue par une quinzaine d’organisations. Elles distribueront une brochure soulignant les dangers et le coût de l’EPR. Le Réseau Sortir du Nucléaire organisera une vingtaine de manifestations devant les sites nucléaires entre le 23 avril et le 24 mai 2004, dans le cadre d’un Tour de France pour sortirdu nucéaire. (V. encadré). Quant à nous, les Genevois, nous serons peut-être bientôt hélas directement concernés. En effet, une conférence nucléocrate sur l’EPR aura bientôt lieu… sur le site de l’ex-Superphénix à Creys-Malville ! Eh oui, le site de Malville fait partie des 4 ou 5 sites possibles pour le premier EPR ! Si c’est le cas, vous pourrez prochainement prévoir un petit voyage dans la région, car, même si nos moyens sont exclusivement pacifiques, nous ne comptons pas nous laisser faire !

Un tour de France pour sortir du nucléaire partira le 23 avril de Fessenheim, où se trouve la plus vieille centrale nucléaire française en activité, et traversera l’Alsace, la Lorraine, la Bourgogne, la vallée du Rhône, le Sud-Ouest, la Bretagne et la Normandie où il terminera son périple le 24 mai près du site de Penly, pressenti pour accueillir l’EPR. Il empruntera un itinéraire qui illustre la filière du nucléaire (enrichissement, centrales en fonctionnement, sites militaires, retraitement, transports, stockage de déchets radioactifs). Entre deux sites livrés à l’atome, des visites de lieux où les énergies renouvelables et où le désarmement nucléaire sont à l’honneur, seront organisées. La caravane sera constituée d’un bus d’information présentant les dangers du nucléaire, ainsi que des informations sur les énergies renouvelables, d’une troupe de théâtre professionnelle, d’une cuisine collective pour des repas conviviaux partagés avec le public, le tout dans des véhicules économes roulant au solaire ou au bio-carburant. A l’occasion de ce tour de France, une vaste pétition européenne « Un million d’Européens demandent la sortie du nucléaire ! » sera lancée.

Le tour sera à Lons-le-Saulnier (39), au Bio-Lopin, samedi 1er et dimanche 2 mai. ContrAtom aussi.

Plus d’information sur le site du réseau sortir du nucléaire

Philippe Gobet

source : réseau français Sortir du nucléaire et AFP - 26 février 2004