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Articles par thèmes :
CERN
Journal par No :
No 76, décembre 2004
Auteurs :
Fabienne Gautier Pierre Lehmann Pierre Allemann
No 76, décembre 2004
Publié le vendredi 28 septembre 2007

Fabienne Gautier :

P. Allemann :

P. Lehmann :


CERN : une recherche plus nucléaire que fondamentale

Les festivités liées au cinquantenaire du CERN(1) achevées, ContrAtom souhaite apporter sa contribution au débat afin de faire entendre les voix discordantes, celles qui n’ont que très rarement l’occasion de s’exprimer dans les médias lorsqu’il s’agit de « grosses machines » tel que le CERN.

Nous livrons tout d’abord le témoignage de Pierre Allemann ancien travailleur intérimaire qui a travaillé 15 ans au CERN et qui est maintenant victime des négligences de son employeur. Pierre Lehmann, ingénieur-physicien, fait part quant à lui de ses doutes concernant l’utilité des recherches menées au CERN. Rappelons qu’il est co-auteur de La Quadrature du CERN(2), paru en 1984. Cet ouvrage livrait pour la première fois une analyse sans concession du CERN, étayée par les arguments dignes de foi d’un chercheur en physique des particules, démissionnaire du CERN pour des raisons éthiques (André Gsponer), d’un historien des sciences (Jacques Grinevald) et d’une syndicaliste (Lucile Hanouz).

Désillusions

L’auteur de la préface de La Quadrature du CERN, Robert Jungk, est un historien qui s’est notamment intéressé aux problèmes politiques et moraux auxquels se sont trouvés confrontés ceux qui avaient construit les premières bombes atomiques(3). Dans un livre édité en 1966 sous le titre Die Grosse Maschine, il présente, par opposition au développement de la science qui a conduit à Hiroshima et à Nagasaki, le côté « lumineux » de la recherche scientifique telle que l’entreprend le CERN : une collaboration internationale ouverte, sans secrets et sans buts militaires, qui lui apparaissait alors comme un modèle prometteur et un exemple digne d’être imité. Le sous-titre Sur le chemin d’un autre monde témoignait de cette croyance. Lorsque ce livre est reédité (4) en 1986, Robert Jungk le dote d’une très intéressante postface dans laquelle il fait part avec beaucoup de clairvoyance, de ses illusions passées concernant le CERN : « Après la parution de mon livre je continuais à visiter le CERN régulièrement. Mes impressions changèrent. Années après années il m’apparut de plus en plus clairement que l’idéalisme du début, l’ouverture au monde, l’enthousiasme qui accompagne la recherche d’une vérité, toutes ces qualités qui, pour s’affirmer, n’ont aucunement besoin de réussites matérielles, disparaissaient progressivement. La course au succès, l’esprit de concurrence, la poursuite des records, qui ne pouvaient que se renforcer mutuellement et favoriser une tendance de plus en plus évidente vers le gigantisme technologique, étaient perceptibles même pour un visiteur qui ne passait qu’occasionnellement quelques jours dans l’institution. Cette voie ne menait pas dans un « autre monde » mais plutôt, et de manière toujours plus nette, vers une apothéose exaltée des structures et tendances technocratiques propres à la grosse industrie. »(5)

L’Irak est passé par le CERN

Les observateurs attentifs se rappeleront d’un article paru en 1995 dans le très sérieux Journal de Genève, qui révélait que, durant les années 1970, le patron du programme de la bombe atomique irakienne, Jafar Dhia Jafar, avait effectué plusieurs séjours au CERN alors qu’il était rattaché à l’Imperial College de Londres(6). A cette époque, André Gsponer, alors chercheur au CERN, avait tenté d’alerter l’opinion publique, surtout lorsqu’il avait réalisé que les technologies liées aux accélérateurs de particules risquaient de donner naissance à de nouvelles générations d’armes nucléaires : « Mais personne n’a voulu m’écouter, y compris dans les milieux scientifiques, regrette André Gsponer. Peut-être faudra-t-il qu’une grande ville dans un pays occidental soit volatilisée par une bombe atomique pour que l’on se décide à réfléchir sérieusement sur une nouvelle politique de la science et de la technologie qui prenne en compte de manière vraiment responsable les retombées de la recherche fondamentale. »(7)

Le CERN et les armes

Malgré son pessimisme, c’est avec stupéfaction que Robert Jungk apprend, à la fin des années 1970 que des scientifiques du CERN collaborent avec des instances militaires et que leurs travaux sont utilisés dans la course aux armements. Il dénonce, dans la préface de La Quadrature du CERN, la dépendance du CERN vis-à-vis des budgets de la recherche militaire : « les relations qui existent sont peut-être moins directes et évidentes qu’aux USA ou en URSS, mais elles n’en sont pas moins clairement reconnaissables pour qui ne choisit pas de regarder ailleurs.(…) Il m’apparaît aujourd’hui à l’évidence que même les « idéalistes » de la première heure, qui s’imaginaient pouvoir faire de la physique des particules en tant que recherche désintéressée de la vérité, auraient dû réaliser que, si on leur permettait de faire leurs très coûteuses recherches, il devait y avoir une contrepartie. Les Etats qui ont dès le début fourni les millions nécessaires au fonctionnement du CERN ne l’ont fait que parce qu’ils se promettaient en retour des profits bien concrets, tant sur le plan technologique que sur le plan politique. Dans notre malheureux siècle, le progrès des armes est si étroitement lié au progrès technique qu’il était prévisible que les prouesses scientifiques et techniques du CERN seraient un jour utilisées à des fins militaires. »(8)

Une critique plus que jamais d’actualité

Dans un récent article paru dans Le Courrier, André Gsponer et Jacques Grinevald révèlent que, « bien que ne faisant pas partie de l’Organisation, les Etats-Unis ont toujours eu un accès privilégié aux résultats scientifiques et technologiques du CERN. Ceci est illustré par le fait que des expériences cruciales pour le développement des armes à faisceaux de particules ont pu être faites sans difficultés au CERN au début des années 1980, et qu’en ce moment même des scientifiques américains travaillant sous contrat défense participent à des expériences sur l’antimatière, alors qu’il est explicitement reconnu que ce genre de collaboration permet aux USA de faire l’économie de la construction d’installations similaires sur leur propre territoire »(9) et d’ajouter en conclusion : « le CERN, né avec la Guerre froide, continue à jouer, voir à étendre, son rôle politique de passage obligé pour tout pays voulant accéder à la technologie des accélérateurs de particules, que ce soit en raison de leurs applications scientifiques, industrielles ou militaires. Il n’est donc pas étonnant de constater que depuis qu’ils ont fait des essais nucléaires, l’Inde et le Pakistan sont devenus des partenaires hautement considérés au CERN(…). »(10).

Responsabilité de la science

« Que se passerait-il si les physiciens, dans leur recherche d’une théorie capable d’englober toutes les forces fondamentales, tombaient sur de nouveaux moyens de destruction, si au lieu de l’intégration universelle souhaitée, leurs efforts aboutissaient à une désintégration générale ? Tous ceux qui travaillaient là-bas dans la ville-laboratoire savaient en tant qu’humains vivant à l’ère atomique, quelle influence dramatique les travaux des générations antérieures de chercheurs avaient déjà eue sur leur destin, sur celui de leurs contemporains et vraisemblablement aussi sur celui de leurs descendants. Ils devaient donc admettre que leurs propres recherches, si ésotériques qu’elles puissent encore paraître à cet instant, pourraient éventuellement avoir des conséquences historiques. Mais dans leur majorité ils firent comme si - oui de nouveau comme si ! - ils n’étaient pas responsables de ce qui serait fait ultérieurement de leurs découvertes ».(11) Il serait grand temps que les hommes s’orientent vers la voie de la sagesse et abandonnent leurs rêves destructeurs.

Fabienne Gautier

1 CERN : Conseil européen pour la recherche nucléaire, le plus grand centre de recherche fondamentale au monde pour la physique des particules est installé dans le canton de Genève depuis septembre 1954.

2 André Gsponer, Jacques Grinevald, Lucile Hanouz, Pierre Lehmann, La quadrature du CERN, Editions d’En-Bas, Lausanne, 1984.

3 Robert Jungk, Plus clair que mille soleils, Le destin des atomistes, Arthaud, 1958

4 Robert Jungk, Die Grosse Maschine - Auf dem Weg in eine andere Welt, deuxième édition, revue et augmentée, Goldmann Verlag, 1986

5 in postface de Robert Jungk pour la réédition de Die Grosse Maschine

6 Suren Erkman, « Bombe atomique : l’Irak est passé par le CERN » , Journal de Genève, 22 avril 1995

7 ibid

8Robert Jungk, « Le CERN, vingt ans après », préface de La quadrature du CERN, op.cit.

9 V. La Recherche, N°182, nov.1986, p. 1440-1443

10 André Gsponer et Jacques Grinevald, « CERN : la physique des particules piégée par l’OTAN », Le Courrier, 26 octobre 1004

11 in postface de Robert Jungk pour la réédition de Die Grosse Maschine,op.cit.


CERN : la face cachée

Pour celui qui fut, durant 15 ans, « un travailleur loyal et appliqué », qui a laissé au CERN sa santé et ses illusions, les récentes festivités du cinquantième avaient un arrière-goût amer. Témoignage d’un oublié de la fête.

Je garderais bien pour moi cette amertume, mais la santé et le bonheur de trop de gens sont en jeu. Il faut donc que l’on sache ce que j’ai mis trop longtemps à comprendre. Ce qui me vaut d’être invalide depuis l’âge de 48 ans, avec un cancer, plus qu’un poumon et 2 enfants à élever. Sans parler des gens du Pays de Gex, qui me considèrent comme un pestiféré et qui changent de trottoir en me voyant. Ou alors qui menacent de me casser la gueule si je la ferme pas, parce que tomber malade à cause du CERN, ça ne se dit pas.

Malgré mon licenciement abrupt dès la découverte de ma maladie, malgré tout ce que j’ai enduré depuis dix ans que je l’ai quitté, j’ai aimé mon travail et vécu quelques belles années. Rendez-vous compte : simple garçon de café devenu « agent de radioprotection » sans avoir effectué le moindre stage de formation. J’ai réceptionné des centaines de tonnes de déchets radioactifs, je les triais selon leur niveau de radioactivité, je les sciais, les découpais au chalumeau et les stockais. Tout ça sans aucun équipement particulier. Merci à mes supérieurs en qui j’avais toute confiance. Ils me fichaient une paix royale : en quelques minutes, chaque matin, le travail de la journée était défini. Puis ils disparaissaient. Eux aussi me faisaient entière confiance puisqu’ils me confièrent bientôt un aide dont j’étais responsable. Je ne m’inquiétais pas pour ma santé, puisqu’on m’avait expliqué que les poils du nez filtraient les particules radioactives qui étaient éliminées en se mouchant et en crachant.

Le travail, ça donne soif. Heureusement, près de mon atelier, il y avait un robinet où, durant quinze ans, j’ai bu sans le savoir l’eau polluée des tours de refroidissement. « De l’eau potable pour une seule personne ? Ça coûte trop cher ! » Dans les années 83-84, le groupe Radioprotection n’avait plus d’argent. J’ai préparé 40 tonnes d’aluminium de récupération qui ont été vendues à la Suisse. Comme elles atteignaient 10 microsiverts par heure, les responsables ont dû débrancher le portique de détection de radioactivité pour que le camion puisse se rendre en Suisse. Ni vu, ni connu. Des centaines de tonnes de déchets (béton, fer etc.) radioactifs à forte dose (20 à 30 mSv/h et +) ont été mis en terre sous mes yeux, sur le site du CERN. Mais le chef m’avait bien recommandé : « Chut, Pierrot. Pas un mot ! » Le Rhône a lui aussi reçu sa dose de radioactivité, notamment dans les années 85-86. Durant plus d’un mois, des milliers de plaques d’uranium appauvri utilisées lors d’expériences par M. Rubbia ont été dégraissées à la machine à laver la vaisselle. L’eau était récupérée dans des citernes. Et comme il fallait bien vider les citernes pour pouvoir continuer à les remplir, les ordres étaient que les jours de pluie, je devais ouvrir les robinets pour que l’eau contaminée puisse s’écouler et se mélanger à l’eau de pluie par les égouts. Les résidus du fond des citernes ont été nettoyés au jet… Je pourrais remplir un livre avec ce genre d’histoires.

Mais ce qui devait arriver arriva : avec les radiations, l’inhalation de gaz radioactifs et d’aérosols, j’ai été « constamment exposé » à de multiples contaminations radioactives et chimiques, ainsi qu’à l’amiante, selon le médecin du Travail des entreprises extérieures au CERN. J’ai oublié de dire que, pour ce genre de travaux, le CERN fait appel à des entreprises extérieures qui fournissent des intérimaires. « La chair à neutrons » comme on nous appelle ici. Mon employeur, durant ces 15 ans, c’était METAREG, qui a aujourd’hui disparu. Les procès ont tourné court. Se retourner contre le CERN ? « Un trop gros morceau » m’a dit le Juge Lambert. Il sait, lui : le CERN est une installation nucléaire de base. Ça veut dire que tout ce qui s’y passe de dangereux et qui pourrait effrayer le bon peuple est secret ou SECRET DÉFENSE. Voilà pourquoi le CERN préfère vous parler Boson, World Wide Web et particules, plutôt que radioactivité, radiations, cancers. Et ce qu’il y a de terrible, avec la radioactivité, c’est qu’elle ne se voit pas, ne se sent pas, et que la maladie n’apparaîtra que 10, 15 ou 20 ans plus tard. Ce qui est contaminé l’est pour des siècles ou des millénaires. Rien ne peut nous en protéger, et ce n’est pas les pastilles d’iode qui changeront grand chose.

Enfin, j’ai pu quitter cette région pour le Sud-Ouest. Je suis toujours en vie, que vouloir de plus ? Beaucoup de mes copains sont morts pour le CERN, du cancer ! Jacques Gambet, Claude Passerieux, René Urssela, Jacquemot, Dufour, Merveille… D’autres sont malades. Certaines familles se battent, d’autres se taisent, résignées.

Les festivités du CERN avaient un arrière-goût de deuil dans beaucoup de familles du pays de Gex. A cause de la face cachée du CERN. Le restera-t-elle encore longtemps ? Vous, au moins, vous avez appris quelque chose. Moi, j’ai fait mon devoir.

Pierre Allemann Tél. 04 67 26 15 48 Impasse des Mimosas F-34450 VIAS


CERN : les particules ou la vie

Le physicien Pierre Lehmann, revenant sur la médiatisation du cinquantième anniversaire du CERN, dénonce la pratique d’une science dont la finalité est la domination et l’exploitation de la nature.

Le cinquantième anniversaire du CERN a été l’occasion de remettre la physique des particules à l’honneur et les médias et autres encenseurs n’ont pas lésiné sur la dithyrambe à l’égard du grand projet consistant à établir expérimentalement l’existence d’une particule un peu spéciale appelée « boson de Higgs ». Cette particule résulte théoriquement d’un modèle phénoménologique des constituants de la matière et de leurs interactions . Sa mise en évidence expérimentale permettrait d’asseoir la validité de ce modèle. Ce n’est pas la première fois que les physiciens sont à la recherche de particules élusives pour confirmer la validité de leurs théories. Et ce n’est pas sans raison que l’historien Robert Jungk a comparé à la quête du saint Graal la recherche du sixième quark, une autre particule super-élémentaire1. Le problème est que ces particules ne peuvent se montrer que lors d’événements impliquant des énergies énormes, provoquées à l’aide de machines gigantesques. Le coût de ces expériences est lui aussi gigantesque. L’accélérateur LHC (Large Hadrons Collider) du CERN, construit sous la terre entre la France et la Suisse, a une circonférence de 27 km. C’est l’outil avec lequel on espère voir le boson de Higgs, si tant est qu’il existe, ce que certains physiciens considèrent comme peu probable. Cette obsession de décortiquer la matière en particules plus ou moins ultimes pour la ramener à ce qu’elle était lors du « big bang » (l’explosion initiale qui aurait créé l’univers), me semble futile. Le phénomène le plus extraordinaire qui se soit produit dans le cosmos est sans doute la vie, laquelle échappe à toute explication scientifique (au sens du postulat d’objectivité). Le problème de notre époque n’est pas de découvrir des particules ultimes et d’établir des théories définitives sur leurs interactions. Le problème est que la science objective, telle qu’elle est pratiquée entre autres au CERN, sert avant tout à dominer et à exploiter la nature. Ne vaudrait-il pas mieux essayer de dialoguer avec elle2 ? Cela exige un changement profond dans notre manière de pratiquer la science3. La controverse entre l’approche spirituelle et l’approche purement matérialiste du monde remonte à Platon et Aristote (IVe siècle avant J.C.) et n’a pas pu être résolue à ce jour « sous la force de l’incompréhension et du dogmatisme »4. La priorité me semble être aujourd’hui de remettre l’humanité sur une voie carrossable avant qu’elle ne compromette complètement les conditions d’existence à la surface de la planète. Le boson de Higgs ne peut en rien contribuer à cette démarche. Au contraire, car les technologies développées pour le trouver peuvent être détournées vers d’autres buts, en particulier militaires. Il serait plus utile de réorienter le CERN vers d’autres activités, ce qui avait déjà été proposé en 1984 dans La Quadrature du CERN5, lors du trentième anniversaire de l’institution. Le CERN réunit des gens très compétents et jouit d’une grande influence. Son implication dans le sauvetage de la biosphère aurait des répercussions considérables. Pierre Lehmann

1 R. Jungk, « Le CERN vingt ans après », postface à la réédition de « La grosse machine », Die Grosse Maschine, - Auf dem Weg in eine andere Welt, Goldmann Verlag, 1986

2 Theodore Abt, « Auf der Suche nach einem dialog mit der Natur », Gaïa I, n°6, 1992, p.

318-322

3 Hans Primas, « Umdenken in der Natur Wissenschaft », Gaïa I, n°1, 1992, p. 5-15

4 Hansüli F. Etter, « L’évolution en tant que continu synchronistique », in La synchronicité, l’âme et la science, Albin-Michel, 1995

5 André Gsponer, Jacques Grinevald, Lucile Hanouz, Pierre Lehmann, La quadrature du CERN, Editions d’En-Bas, Lausanne, 1984.

 
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