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Articles par thèmes :
Votations (Suisse)
Articles par pays :
Suisse
Journal par No :
No 54, septembre 2000
Auteurs :
Pierre Vanek
No 54, septembre 2000
Publié le dimanche 30 septembre 2007

Votations énergétiques du 24 septembre :

David contre Goliath

Les lecteurs/trices de ContrAtom se souviennent peut-être d’un premier « dossier », publié dans notre numéro d’avril, sur les taxes proposées. Il s’agissait du projet de plate-forme du Comité genevois 3xOUI et d’un certain nombre de questions que ce projet avait suscité. A la veille du vote, nous publions ci-dessous une contribution de Chaïm Nissim, à propos d’une campagne dans laquelle il s’est fortement engagé ...avec, encore et toujours, quelques remarques qui montrent qu’à ContrAtom la pensée n’est pas unique et qu’un débat se poursuit.

Pour ceux qui auraient la mémoire courte, l’essentiel peut se rappeler en trois phrases : Les trois taxes proposées ont des taux différents, 0.3 cts. par kWh pour la plus faible, 0.5 pour la moyenne et 2 cts. / kWh pour la plus élevée. Pour les ménages, selon la taxe qui sera acceptée - elles ne sont pas cumulables - cela va représenter financièrement une à deux tasses de café par adulte et par mois. Toutes les trois taxent les énergies non-renouvelables uniquement, qui sont aussi les énergies polluantes : mazout, gaz et nucléaire. Ces vecteurs énergétiques sont aujourd’hui bien moins chers que leurs concurrents renouvelables, parce que le marché ne tient pas compte des dégâts climatiques ou radioactifs à long terme. En gros le solaire, l’hydraulique, le bois, le vent ou le Deep heat mining produisent des kWh à plus de 10 cts., tandis que le gaz et le mazout sont au dessous de 5 cts. et que le nucléaire est à 7-9 cts./ kWh. L’argent ainsi récolté servira pour les deux premières taxes à financer des capteurs solaires, des rénovations et l’entretien de barrages, bref des emplois utiles et créatifs. Pour la troisième taxe proposée, l’argent servira à faire baisser les charges salariales. Cette affectation est discutable, elle a été voulue par la droite des chambres. La gauche aurait préféré l’affecter aux assurances maladie par exemple, ce qui aurait eu le mérite d’être plus social, parce que si tout le monde ne travaille pas, par contre tout le monde paye des assurances maladie ! Bref nous avons été battus sur ce point, mais il reste tout de même que la taxe proposée renchérira les énergies polluantes ce qui est bien. La campagne jusqu’ici ne s’est pas passée trop mal : il y a trois mois, le Vorort, après avoir poussé les chambres à accepter la taxe de 2 cts, a tourné sa veste, et la SDES (Société pour le développement de l’économie suisse) lui a emboîté le pas en Suisse romande. Ces deux organisations ont investi 12-13 millions dans une vaste campagne de dénigrement des trois textes. Résultat, la presse a été au début de la campagne inondée d’encarts, montrant une famille paisible, avec des bulles qui indiquent que le gaz, l’électricité et le chauffage seront plus chers. Ces encarts ont pu dernièrement être combattus par des pubs de notre côté, notamment grâce à des pubs du WWF et d’EOS.

Des chiffres faux, des arguments populistes

Les chiffres de la SDES sont faux, ils ont ajouté les trois taxes ce qui est explicitement impossible. De plus ils n’ont pas parlé du tout du but de la taxe, qui est de préserver l’environnement à long terme, lorsqu’il n’y aura plus de mazout ni de gaz ni d’uranium, et que les pollutions accumulées par ceux-ci auront rendu la terre inhabitable. Enfin, ils utilisent de manière démagogique des arguments populistes, qui touchent un public mal informé.

Par exemple, lorsque la SDES prétend que les familles riches seraient particulièrement avantagées par cette taxe, elle ment ! Dans chaque franc dépensé, pour acheter un appareil ou un service, se cache en effet un kWh d’énergie grise : c’est l’énergie qu’il a fallu pour construire l’objet, pour le transporter, pour coller les affiches pour la pub, pour le vendre, pour les charges énergétiques du magasin, etc, etc... Or, les riches achètent plus de biens et de services que les pauvres,

ils sont donc également taxés au prorata de leurs achats. Il est d’ailleurs cocasse de constater que le Vorort et la SDES sont soudain frappés d’une sollicitude émouvante à l’égard des familles pauvres, eux qui jusqu’ici n’avaient pas la fibre sociale tellement développée !

La SDES au secours ...des locataires !

Autre exemple étonnant, la SDES se prétend soudain l’amie des locataires (si, si !), et dénonce dans une autre pub les propriétaires de villas qui recevraient des subventions pour isoler leurs bâtiments, alors que les locataires n’auraient pas le choix, c’est injuste ! (écrit en gros dans leur pub).

Outre le comique de voir la SDES se préoccuper soudain de l’intérêt des locataires, il nous faut tout de même relever là aussi quelques invraisemblances : d’abord, pour deux des trois taxes proposées, celle à 0.5 et celle à 2.0 ct., la loi d’application n’est pas encore écrite, ce qui fait que nous ignorons si elle comprendra des subventions pour l’isolation des bâtiments, et si les locataires pourront profiter des baisses des charges ainsi induites. Pour la troisième, celle à 0.3 cts., la loi d’application est prête et déjà votée par les chambres, dans l’attente d’une acceptation populaire éventuelle. Des subventions seront en effet versées pour l’isolation des bâtiments, mais pour TOUS les immeubles et pas seulement pour les villas, et s’il est vrai que le droit de bail doit être modifié pour mieux répartir les fruits de ces travaux entre locataires et propriétaires, ce n’est pas cette loi du 24 septembre qui peut le faire, mais bien le droit de bail qui doit être réformé. Gageons d’ailleurs que le Vorort et la SDES s’opposeront avec virulence à toute modification du droit de bail au profit des locataires !

En conclusion, nous avons pas mal de chances de faire passer l’un au moins des trois textes proposés. La droite est divisée sur ce sujet, avec le PDC notamment qui recommande le OUI pour deux des objets.

Le 24 septembre vers 19h nous nous retrouverons pour fêter les résultats, quels qu’ils soient. Pour plus d’infos, téléphonez au 022 755 60 42 ou au 320 21 89.

Chaïm Nissim

E-mail de l’auteur :


Un troisième OUI à l’arraché ?

L’intéressant article ci-contre de Chaïm Nissim pourrait susciter nombre de remarques. En vrac et en bref en voici quelques unes...

A le lire, on ne comprend pas bien pourquoi la SDES et le Vorort combattent avec autant d’énergie ces taxes. Alors que la troisième taxe « servira à faire baisser les charges salariales », objectif éminemment patronal, comme se plaisent à le rappeler nombre de partisans de cette mesure, par exemple R. Strahm du PSS qui se plaignait récemment du fait qu’à son avis « les Nein-Sager du Vorort et de la SDES abandonnent la réflexion économique et entrepreneuriale dans leur campagne » (Service de presse du PSS du 9.6.00) Une réponse qu’aurait pu mettre en avant Chaïm est donnée par les pronucléaires de l’ASPEA qui se plaignent de la « discrimination insensée de l’énergie nucléaire par les nouvelles taxes sur l’énergie » (Bulletin ASPEA de juillet 2000) Or du côté des organisations patronales, le lobby nucléaire reste particulièrement puissant...

Par ailleurs Chaïm évoque « l’affectation discutable » de la dernière taxe en indiquant qu’elle a été « voulue par la droite des chambres ». Or ceci n’est pas un détail sur lequel on pourrait passer rapidement. En effet, on présente cette taxe comme l’avant-goût d’une « réforme fiscale écologique », inspirée d’ailleurs par l’initiative des Verts intitulée « Pour garantir l’AVS - taxer l’énergie et non le travail » qui prévoit une taxe sur l’énergie servant précisément ...à alléger les charges salariales, en allant jusqu’à envisager de financer totalement l’AVS par ce biais.

Veut-on mettre le doigt dans ce type d’engrenage ? ContrAtom avait répondu NON lors du lancement de l’initiative Energie et Environnement, dont la taxe en question est issue comme contre-projet. Si on veut liquider le nucléaire, ne devrait-on pas « simplement » travailler à le faire ...interdire, comme le prévoit à terme l’initiative Sortir du nucléaire par exemple, plutôt que d’oeuvrer pour le rendre moins « concurrentiel ».

L’argument de Chaïm sur les pauvres, les riches et l’énergie grise ne tient pas la route. Ne serait-ce que parce que les « riches » ne consomment pas l’ensemble de leur revenu en « achats de biens et services »... On a beau tordre les choses dans tous les sens, les impôts à la consommation, comme la TVA, restent socialement plus que discutable. Or si le « Centime solaire » peut se justifier par son affectation, la taxe de 2 ct dite « incitative » n’a pas cet argument en sa faveur.

Pierre Vanek

 
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