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Articles par thèmes :
Votations (Suisse)
Articles par pays :
Suisse
Journal par No :
No 52, avril 2000
Auteurs :
Philippe Gobet
No 52, avril 2000
Publié le dimanche 30 septembre 2007

Quarante milliards pour sortir du nucléaire ?

La presse du 23 février révélait que, tremblant dans leurs chaumières atomiques, nos chers nucléocrates helvétiques se mettaient déjà en campagne contre les initiatives fédérales antinucléaires, Sortir du Nucléaire et Moratoire Plus.

Doivent-ils être angoissés pour se lancer si tôt dans ce combat, alors que les initiatives ne sont pas près d’être soumises au peuple puisqu’elles viennent d’être déposées l’automne dernier ! D’ailleurs, dans leur grande inquiétude, nos atomistes vont chercher l’avis d’experts étrangers. Amusant, il n’y pas si longtemps, ce sont les antinucléaires qui recherchaient des avis extérieurs pour valider leurs thèses… Mais la libéralisation du marché de l’énergie, certaines victoires démocratiques et quelques catastrophes sont passées par là…

40,1 milliards de francs suisses, pour être précis

C’est ce « ,1 » qui donne au nombre un aspect authentique, fondé, vérifiable. Parce qu’il est vrai que pour vous comme pour moi, ces 100 millions c’est une paille, un seul FA-18 ou l’argent de poche d’un directeur de centrale, mais mis derrière un 40 (l’unité étant le milliard), ça vous change un nombre, ça vous le rend sérieux, présentable, fruit d’une longue réflexion. Je n’hésite pas à le dire : 40 milliards tout rond, c’est trop gros, ça sent l’estimation bâclée. Le « ,1 » est in-dis-pen-sable !

Peu d’autres précisions...

Ce « ,1 » est d’ailleurs la seule chose de précise révélée par les médias en ce qui concerne l’origine de ce budget de 40 milliards ! On parle vaguement de construire des turbines à gaz , et deux trois autres broutilles ! Le mieux serait donc d’ignorer cette attaque nucléocrate, si grosse, presque grossière, et fort peu explicite, mais soyons beaux joueurs et apportons quelques petites remarques concernant ces 40,1 milliards…

Une somme énorme...

Au premier abord, cette somme, peut paraître énorme pour vous qui n’avez pas un compte épargne aussi fourni que le mien. Mais je tiens à vous rassurer : un responsable du Département Militaire Fédéral, par exemple, saurait bien vite dépenser une telle somme pour acheter quelques broutilles (les FA-18, par exemple, avec les aménagements nécessaires ont coûté 5 milliards et les dépenses du DMF flirtent avec les 10 milliards annuels etc.) Pour revenir au nucléaire, Superphénix a coûté à lui seul plus de 15 milliards de FS, et le double en comptant les frais de recherche, de retraitement, sans compter le démantèlement… Pour ne pas construire la centrale de Kaiseraugst, nous avons versé 300 millions d’argent de poche, pardon d’indemnités, à ses promoteurs… et s’il avait fallu la construire, vous pouvez multiplier par 10…

Et les déchets ?

D’autre part, il serait bon de comparer cette estimation, qui prétend chiffrer le coût de l’abandon du nucléaire en Suisse, avec le prix de la gestion des déchets nucléaires durant des dizaines de milliers d’années (pour autant qu’il y ait encore une société capable de s’en occuper…). Il faudrait également comparer ce coût avec les sommes investies par l’Etat pour financer la construction des centrales nucléaires (aucun privé n’aurait pu se lancer dans des constructions aussi pharaoniques).

Investir dans quoi ?

Question : les sommes gigantesques investies dans le nucléaire n’auraient-elles pas été mieux utilisées pour soutenir les énergies renouvelables ? Malheureusement, jusqu’ici, même si on nous présente de fort jolies réalisations solaires ou éoliennes, les sommes investies par l’Etat dans ce domaine sont de plus de 100 fois inférieures à celles investies dans le nucléaire… Si la tendance avait été inverse, la Suisse n’aurait peut-être pas à rougir de la comparaison avec l’indépendance énergétique des Danois, ou plus près de nous des Autrichiens (voir l’art. dans notre No51), qui, en plus de nous humilier en Coupe du monde de ski, n’utilisent pas de courant nucléaire ! C’est d’ailleurs également le cas des Italiens (concernant le nucléaire, pas le ski…) Nos descendeurs seraient-ils freinés par leur irradiation ? En tout cas, c’est la preuve que l’abandon du nucléaire est possible sans catastrophe.

Et le coût des maladies ?

A un niveau global, pour en revenir à ces 40,1 milliards, pensons encore au coût social et médical des maladies dues au nucléaire, depuis les mines d’uranium jusqu’au retraitement, sans parler de catastrophes style Tchernobyl...

Une bonne nouvelle...

Finalement, une bonne nouvelle à retenir, c’est que les nucléocrates n’osent plus dire, comme ils l’ont martelé pendant 20 ou 30 ans, qu’on ne peut se passer de l’atome, que les écolos veulent retourner à la bougie, et tout le tintouin... Ils nous disent seulement que ça coûtera cher, que ça ne sera pas facile ! Un jour, reconnaîtront-ils aussi que le nucléaire était une impasse et que pour économiser des milliards, il aurait mieux fallu investir dès le début dans d’autres formes de production d’énergie, et dans la fabrication d’appareils économes en électricité ?

Philippe Gobet

 
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