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Articles par thèmes :
Tchernobyl Youri Bandazhevsky
Articles par pays :
Russie - Europe de l’Est
Journal par No :
No 77, avril 2005
Auteurs :
Réseau Sortir du nucléaire
No 77, avril 2005
Publié le mardi 2 octobre 2007

Tchernobyl en France : restez SAGE*

Sur le même modèle que l’AIEA(1), au niveau mondial, qui empêche l’OMS(2) de remplir sa mission de protection sanitaire des populations, il existe d’autres structures écrans au service du nucléaire civil. En Europe, par exemple, sous couvert de mission humanitaire, le CEPN(3) vise à supprimer toute entrave au développement de l’industrie nucléaire, avec l’aide de la Suisse notamment.

Sous-évaluer les risques

Si une catastrophe nucléaire se produisait en France, les entreprises de l’atome et les autorités ne diraient pas « nous avons eu tort, le nucléaire est vraiment trop dangereux, il faut programmer la fin la plus rapide de cette industrie », ils diraient : « bien sûr, cet évènement est regrettable, mais la situation n’est pas si grave. Grâce aux études que nous avons menées après Tchernobyl, nous vous assurons que vous allez pouvoir continuer à vivre tout à fait normalement. » Si vous pensez que les promoteurs du nucléaire n’oseront pas aller aussi loin dans le cynisme, sachez que vous vous trompez et que cette tentative de manipulation est déjà en marche, sous le nom de SAGE qui signifie en français : Stratégies pour le développement d’une culture de protection radiologique pratique en Europe en cas de contamination radioactive à long terme suite à un accident nucléaire. Ce programme est mis en œuvre par le CEPN, une « modeste » association de quatre membres seulement, mais de poids : EDF, la Cogéma (désormais composante du groupe Areva), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). C’est précisément ce qu’il est convenu d’appeler le lobby nucléaire. SAGE est l’application pour l’Europe occidentale du programme de désinformation ETHOS, mené de 1996 à 2001 en Biélorussie, dans les zones contaminées par la catastrophe de Tchernobyl. Comme SAGE, ETHOS a été principalement mis en œuvre par le CEPN. Pourquoi le lobby nucléaire français dépense-t-il de l’argent - notre argent d’ailleurs(4) - dans les zones contaminées ?

Tchernobyl comme modèle

Nous affirmons que cette démarche n’a rien d’humanitaire. La meilleure défense étant l’attaque, le lobby nucléaire a décidé de ne pas subir et de faire d’une pierre deux coups :

  • minimiser le plus possible les conséquences de Tchernobyl dont le souvenir nuit au développement de l’industrie atomique,
  • survivre à une nouvelle catastrophe nucléaire, y compris si elle se produisait en Europe occidentale. Pour ce faire, le lobby nucléaire s’est donné pour mission d’imposer les idées suivantes en cas d’accident majeur :
  • seule une petite zone géographique doit être évacuée
  • vivre en zone contaminée est tout à fait possible
  • il est possible de réhabiliter les zones contaminées
  • les conséquences sur la population sont bien moins graves qu’on ne le pense généralement
  • la plupart des maladies dans les zones contaminées sont en réalité… psychosomatiques ! En appliquant de tels « enseignements », le lobby nucléaire parviendrait à minimiser les conséquences financières d’un nouveau désastre, de même que le coût en terme d’image : le message serait « le nucléaire n’est pas si dangereux puisque même une catastrophe a des conséquences limitées ».

Mensonges

La réalité est malheureusement bien différente :

  • Des millions d’habitants survivent dans des zones qui auraient dû être évacuées.
  • Une majorité d’enfants sont atteints par des maladies habituellement réservées aux personnes âgées : maladies du cœur, du foie, rhumatismes etc.
  • 19 ans après le drame, beaucoup d’aliments sont toujours contaminés.

Mais, même s’il était possible de minimiser les conséquences d’une catastrophe nucléaire et de « réhabiliter » des zones contaminées (ce qui est impossible), le raisonnement que l’on veut nous faire tenir est inacceptable : le lobby nucléaire veut nous amener à penser qu’on pourrait limiter les conséquences d’une catastrophe nucléaire, alors que la seule position acceptable est qu’il ne faut pas qu’une catastrophe nucléaire soit possible. Or, les centrales nucléaires vieillissent et les budgets de maintenance sont revus à la baisse du fait de la libéralisation des marchés et de l’ouverture du capital des entreprises du nucléaire. Conclusion logique : le lobby nucléaire se prépare à survivre à une nouvelle catastrophe nucléaire en développant divers programmes de désinformation.

Réseau « Sortir du nucléaire » - Février 2005

* SAGE : Strategies And Guidance for Establishing a practical radiation protection culture in Europe in case of long term radioactive contamination after a nuclear accident

1 Agence internationale de l’énergie atomique

2 Organisation mondiale de la santé

3 Centre d’étude sur l’évaluation de la protection dans le domaine nucléaire.

4 Le programme ETHOS est majoritairement financés par l’argent public, budgets européens et Ministère suisse des affaires étrangères.


L’étau se resserre encore autour de Youri Bandajevsky

En dépit de la loi et de son état de santé précaire, Youri Bandajevsky est toujours privé de liberté. Cela ne l’empêche pas de faire des projets pour tenter de sauvegarder la vie sur notre planète menacée par les retombées de futures catastrophes nucléaires. La lettre ouverte qu’il a adressée à tous ses amis et adversaires témoigne de sa lucidité intacte.

Contrairement à ce que nous annoncions, avec un certain optimisme, dans notre numéro d’octobre 2004, Youri Bandajevsky ne bénéficie toujours pas de la liberté conditionnelle. Ce droit avait pourtant été clairement signifié le 16 décembre 2004 par l’Etat du Belarus au Comité des Droits de l’Homme à Genève : « Conformément à l’article 90 du Code pénal de la République du Belarus, après le 6 janvier 2005 l’administration de l’établissement pénitentiaire est tenue d’examiner la question de la possibilité d’adresser au tribunal une requête demandant l’application à Youri Bandajevsky de la libération conditionnelle ». Cela n’a pas empêché la commission de la colonie de relégation qui s’est réunie le 31 janvier 2005 de refuser, sur ordre venu de plus haut sans doute, de demander la liberté conditionnelle pour Youri Bandajevsky en invoquant des motifs mensongers à l’appui de ce refus. Il s’agit d’une violation flagrante de la loi. L’épouse du professeur a écrit au Président Loukachenko et a alerté la presse. Cet appel aux médias occidentaux est important, à nous aussi de le relayer, il faut que davantage d’information sur Bandajevsky circule, il serait aussi utile de contacter les pouvoirs politiques qui peuvent intervenir dans les Parlements. Bref, l’affaire mérite d’être relancée de manière publique.

Santé inquiétante

Youri Bandajevsky aurait pourtant plus que jamais besoin d’être libéré, son état de santé est en effet alarmant et les conditions de vie de la colonie ne lui permettent pas de se rétablir : il faisait -26 C° cet hiver, alors que la cabane dans laquelle il vit n’est pas isolée du froid et est à peine chauffée par un vieux poêle à bois. Se rendant compte de la gravité de son état, la direction de la colonie l’a autorisé à aller se soigner à Minsk. Il a dû consulter des spécialistes, puis subir une intervention chirurgicale pour une déchirure ligamentaire à l’épaule. Les médecins ignorent les causes de ces déchirures répétées des ligaments. Ils ont également découvert qu’il souffrait d’une métaplasie de l’estomac, laquelle peut se transformer très rapidement en cancer si elle n’est pas soignée sans attendre et traitée régulièrement. Malgré ses souffrances, le professeur Bandajevsky garde un courage moral étonnant et il souhaite ardemment pouvoir se remettre à ses recherches.

Reconnaissance officielle

Par ailleurs, aidé par le professeur Fernex, il est sur le point de soumettre aux chercheurs occidentaux un projet d’étude. Espérons que la communauté scientifique sortira de la léthargie à laquelle elle semble abonnée depuis cinq ans concernant le cas du professeur Bandajevsky. L’ONG « Médecins du monde » par exemple, qui soutient les programmes du CEPN (voir page suivante) et, parallèlement, minimise l’intérêt des travaux du médecin et ne reconnaît pas l’urgence de distribuer de la pectine aux enfants contaminés comme le préconisent Bandajevsky et son collègue Nesterenko1. Sans compter que le prétexte invoqué par ces détracteurs selon lequel les travaux des deux scientifiques ne sont pas publiés, est fallacieux depuis les publications des travaux des deux chercheurs2. L’étude, réalisée selon les normes occidentales, montre que les cures de pectine de pomme, prises aux repas pendant 3 semaines, parviennent à réduire de deux tiers la charge en Cs-137 accumulée dans l’organisme. Avec 3 ou 4 cures par an, on obtient une diminution de la charge en Cs-137 qui permet d’éviter les lésions tissulaires irréversibles décrites par Bandajevsky.

Un laboratoire Criirad au Belarus

Parallèlement, Youri Bandajevsky a exprimé sa volonté de travailler, dès qu’il sera libre, avec la CRIIRAD : « l’activité de la CRIIRAD est très proche de mes convictions. Aujourd’hui, c’est avec cette organisation scientifique que je veux coopérer, c’est avec elle que je veux poursuivre mes recherches scientifiques. La création d’un petit laboratoire spécialisé en partenariat avec la CRIIRAD me permettrait de vérifier mes idées et hypothèses, qui peuvent se transformer, par la suite, en étude scientifique de grande ampleur. Ce projet me donne l’espoir, le désir de vivre, de travailler, et de lutter contre les adversités de la vie. » La création de ce laboratoire indépendant est essentielle à notre avenir à tous car, si nous voulons connaître un jour le véritable impact de la catastrophe de Tchernobyl, il nous faut disposer de sources d’information fiables.

Sources : W. Tchertkoff, R. Chazel

1 Voir ContrAtom N°75, octobre 2004

2 « Cardinale », tome XV, n°8, octobre 2003 – Swiss medical weekly, vol. 133, p. 488 ; vol 134, p. 24 (www.smw.ch)

 
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