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Articles par thèmes :
Déchets - Retraitement
Articles par pays :
Suisse
Journal par No :
No 80, décembre 2005
Auteurs :
Anne-Cécile Reimann
No 80, décembre 2005
Publié le dimanche 7 octobre 2007

Youpi ! Des déchets radioactifs dans notre jardin !

Nos médias prennent sans doute leurs désirs pour des réalités et n’hésitent en tous cas pas à nous livrer des informations trompeuses. Preuve en est un article publié par deux grands quotidiens romands affirmant que la majorité des habitants de la région de Benken ne s’opposeraient nullement au dépôt de déchets hautement radioactifs prévu dans leur sous-sol.

Dans la Tribune de Genève du 11 octobre dernier, l’article de Philippe Rodrik intitulé « Une poubelle atomique dans le jardin ? Pourquoi pas ! », nous a fortement interpellés. Dans cet article, on laissait entendre que les deux tiers des habitants de Benken, Trüllikon et Marthalen, les trois communes concernées par le projet de dépôt de déchets radioactifs, seraient prêts à accueillir de gaîté de cœur de tels déchets dans leur sous-sol. Pour nous antinucléaires, une telle prise de position nous interroge au plus haut point. Comment dès lors organiser la résistance lorsque l’on sait – l’expérience passée l’ayant démontré – que seule une opposition farouche des populations concernées est à même de contrer ces projets mortifères !

Indispensable résistance civile

Rappelons-nous la lutte opiniâtre qu’ont menée à Genève les opposants à la construction d’une centrale nucléaire à Verbois ! Grâce à leur combat exemplaire le projet fut abandonné ! Ensuite, à Ollon, dans le canton de Vaud, les paysans du coin se sont battus becs et ongles contre le projet d’enfouissement de déchets radioactifs de la CEDRA (actuellement NAGRA, abréviation pour Société coopérative nationale pour le stockage géologique de déchets radioactifs). Cette dernière finit par déguerpir sans demander son reste pour se tourner ensuite vers le Wellenberg dans le canton de Nidwald. Là encore, les habitants ruèrent dans les brancards en faisant valoir à deux reprises, par voix de référendum, leur opposition au projet d’enfouissement, lequel fût définitivement abandonné.

Droit de référendum bafoué

C’est alors que le Conseil fédéral, en désespoir de cause, comprenant que toute velléité d’entreposage de ces maudits déchets serait vouée à l’échec, contourna la difficulté en déclarant, par le truchement de la nouvelle loi sur l’énergie nucléaire, que le sous-sol suisse appartenait désormais à la Confédération et non plus aux cantons. Plus moyen donc pour les habitants des cantons concernés de s’opposer aux projets d’enfouissement par le biais du référendum cantonal. Il ne reste désormais plus que la lutte citoyenne sur le terrain à mettre dans la balance : seule une opposition bien organisée et farouchement déterminée pourrait détourner la NAGRA de ses funestes projets car il est évident que, pour elle, la non opposition des populations compte autant, sinon plus, que les propriétés du sous-sol, dans le choix qu’elle va faire.

Réactions des opposants

Rendus perplexes par la prise de position des habitants du Weinland zurichois qui transparaissait dans cet article, nous avons contacté des opposants rencontrés lors de la manifestation à Benken. Aussi surpris que nous par les propos de leurs concitoyens et estimant que l’article en question ne reflétait pas l’opinion majoritaire des populations locales, ils ont aussitôt envoyé des lettres de lecteurs aux journaux concernés (Tribune et 24 Heures), dont nous vous livrons la teneur ci-dessous.

Conclusions hâtives Jean Laurent et famille, Benken ZH

Nous trouvons que le journaliste a fait la part belle aux partisans du nucléaire. Ni l’opinion d’une famille de paysans ni l’avis d’un cantonnier ne sont représentatifs. Habitant Benken depuis près de trente ans, je peux vous affirmer que la population locale n’est de loin pas acquise au projet de la NAGRA. Le sondage effectué récemment, dans le cadre d’une étude réalisée par les communes concernées, laisse matière à interprétation. Il y a la version officielle, pour ne pas dire celle de la NAGRA, selon laquelle le dépôt des déchets nucléaires est accepté par deux tiers des personnes interrogées. Mais il est également permis d’en déduire que le site projeté ne dit rien qui vaille à 82% des sondés. Ce pourcentage serait encore plus élevé si les communes voisines allemandes – Benken est à quelques kilomètres de l’Allemagne – avaient aussi été consultées. Un certain découragement de la population est perceptible après la lutte à armes inégales entre les antinucléaires et la NAGRA. C’est ce qui a peut-être induit votre reporter en erreur.


Le dernier mot n’est pas encore dit ! Käthi Furrer, Dachsenz

Votre article éveille l’impression que les dés sont jetés en ce qui concerne l’entreposage des déchets nucléaires. Ce n’est pas du tout le cas. Il y a bon nombre de personnes et d’organisations en Suisse qui ne sont pas d’accord avec le projet de la NAGRA pour résoudre le problème desdits déchets. Ces citoyennes et citoyens sceptiques ne se trouvent pas seulement dans la région du Weinland (vignoble zurichois) mais aussi dans tout le canton de Zurich, à Schaffhouse tout proche et en l’Allemagne voisine. Le mouvement d’opposition dans le Weinland, Klar ! Schweiz, défend activement, depuis plus d’une dizaine d’années, les inquiétudes et les intérêts de cette partie croissante de la population. Au vu des questions en suspens relatives à la sécurité du site de dépôt, il est inadmissible que la NAGRA se comporte présentement comme si le site « idéal » avait été déjà trouvé à Benken sur la base des sondages effectués dans ce village. L’opposition combat sur différents fronts. Nous demandons avec insistance que soient effectués des sondages dans d’autres lieux envisageables. En outre, nous ne sommes pas disposés à accepter une « solution » aussi longtemps que l’on n’entrevoit pas de fin à la production de déchets nucléaires. Nous nous défendrons, par tous les moyens légaux, contre l’édification d’un site pour l’entreposage définitif des déchets, où qu’il soit, aussi longtemps qu’on n’apercevra pas l’arrêt de la production d’électricité nucléaire.


Ces prises de position très claires tempèrent l’effet de douche froide qu’avait provoqué sur nous l’article de la Tribune de Genève. Que nos amis de Benken soient assurés du soutien inconditionnel de ContrAtom à leur lutte de résistance !

Anne-Cécile Reimann

 
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